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La confusion nutritionnelle

Couper la viande rouge, ne pas la couper finalement, manger trois fois par jour, faire le jeûne intermittent, mange souvent de petits repas, ne pas manger après 8h… Manger beaucoup de glucides, mais pas trop, couper le gras, en manger trop, manger cru, cuit sous vide… Tellement de propos en alimentation qui semblent se contredire. Comment trouver la vérité?

En théorie

En fait, c’est qu’il n’y a pas UNE vérité lorsqu’on parle de façon de s’alimenter. C’est plate hein? C’est pourquoi on a l’impression que les propos concernant l’alimentation ne sont pas cohérents. D’ailleurs, sur instagram (ici) vous avez été plusieurs à mentionner que les messages concernant l’alimentation allaient dans des directions toujours très différentes. D’abord, le livre du nutritionniste Bernard Lavallée N’avalez pas tout ce qu’on vous dis (ici) est un magnifique outils pour nous aider à voir si ce qu’on lit est basé sur de la science (et de la «bonne») ou si c’est seulement anecdotique et de faire le tris dans les informations.

Une fois assuré que les informations qu’on observe sont justes, les résultats peuvent quand même être contradictoires. Par exemple, des données démontrent que la perte de poids liée à une alimentation saine faible en gras et une alimentation saine faible en glucides était similaire (-5,3 kg vs -6,0 kg) alors qu’on pourrait s’attendre à des effets différents.

Ce qui est formidable avec ce genre d’études, c’est qu’elles nous prouvent qu’il n’y a pas UNE façon de s’alimenter. Plusieurs façons de s’alimenter conviennent à plusieurs personnes, n’est-ce pas magnifique? Ouste le «one size fits all»!

En pratique

Pourquoi est-ce qu’un article/blogue peut ne pas s’appliquer à moi ou contredire d’autres informations reçues?

Sur instagram (ici) j’ai demandé à ma communauté s’ils savaient la différence entre une nutritionniste qui travail en santé publique versus une nutritionniste qui fait des rencontres individuelles. Plusieurs semblaient confus entre les deux rôles, voici donc ce qu’il en est. Il faut comprendre qu’une nutritionniste qui oeuvre dans le public fait des articles, conférences, blogues, etc. et s’adresse à une MASSE de personnes. On fait donc généralement des recommandations pertinentes, certes, mais généralisées puisque notre message sera vu/lu/entendu par plusieurs personnes. Il serait donc irréaliste d’adapter notre message à chaque individu puisque ce serait beaucoup trop long et difficile.

Pour sa part, une nutritionniste qui fait des rencontres individuelles adapte son message et personnalise ce qu’elle enseigne/recommande/conseil selon la personne, le stade de changement, les besoins de celle-ci, etc. Dans mon cas par exemple, mon blogue, mes articles et mes contrats sont de la nutrition publique alors que mes clients que je rencontre au privé sont la partie individuelle.

Ceci étant dis

la plupart des questionnements face à l’alimentation viens du fait qu’on propage (nutritionniste, entraineur, enthousiaste de l’alimentation, etc.) des articles qui peuvent être pertinents, mais qui ont des façons différente de voir l’alimentation et qui ne sont pas nécessairement basé sur des évidences scientifiques justes. En effet, les valeurs, préférences et expériences de l’auteur peuvent venir biaiser ou teinter l’article selon le sujet. Ainsi, est-ce que ces articles disent n’importe quoi? Selon l’auteur, non. Est-ce qu’ils sont adaptés à MON besoin et MON style de vie? Pas nécessairement. C’est pourquoi on deviens confus face à la façon de s’alimenter. Un nutritionniste propose une façon de s’alimenter, un médecin indique une autre façon…un vrai casse-tête.

En fait,

comme nous avons des rythme de vie, des besoins, des préférences, un horaire de travail, etc. différent, c’est très irréaliste de s’attendre à ce qu’on mange tous de la même façon les mêmes aliments. Les articles des professionnels ou des médias ne devraient donc pas être pris «pour du cash», mais devraient plutôt nous faire remettre en question la façon qu’on mange, de nous éveiller une curiosité pour d’autres façons de s’alimenter. Idéalement, c’est en rencontrant un(e) nutritionniste qu’on peut valider si certains éléments peuvent être incorporé à notre routine, si c’est réaliste, si ça réponds à notre horaire, nos préférences, etc.

C’est ce qu’on appelle «l’evidence base practice»

Le but de l’evidence-based practive (EBP) est de prendre une décision qui OUI repose sur des données scientifiques justes, mais qui tiens également compte du client/patient AINSI que de l’expérience du/de la professionnel(le). C’est en impliquant ces trois aspects qu’on obtiens une solution qui est personnalisée et réaliste pour la personne.

Ainsi,

comme les articles publiés par les nutritionnistes (ou autres professionnels) sont basés généralement sur les évidences scientifiques (variables) et/ou leur expertise clinique (variable), les propos véhiculés ne sont pas nécessairement applicables pour nous et peuvent être grandement contradictoire. Le but de ces articles est plutôt de penser au bénéfices pour la majorité. Rencontrer une nutritionniste au CLSC de notre région ou encore au privé nous permet de voir la possibilité et le réalisme d’intégrer certaines recommandations dans notre alimentation.

La «contradiction nutritionnelle» sera toujours présente, puisque plusieurs façons de manger conviennent à plusieurs personnes. Les médias veulent également faire de l’argent et propagent donc des articles avec des titres très accrocheur (click-bait). Il importe donc de faire le tris dans les informations et de valider auprès d’un(e) professionnel(le) ce qui NOUS conviens.

Marjolaine Cadieux, Dt.P, M.Sc

Références

Gardner, Christopher D et al. “Effect of Low-Fat vs Low-Carbohydrate Diet on 12-Month Weight Loss in Overweight Adults and the Association With Genotype Pattern or Insulin Secretion: The DIETFITS Randomized Clinical Trial.” JAMA vol. 319,7 (2018): 667-679. doi:10.1001/jama.2018.0245

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